L’un d’eux a voulu l’etudier sous chacune des coutures.
Philippe Brenot, psychiatre et anthropologue, dirige les enseignements de sexualite humaine a l’universite Paris-Descartes. Cela recoit egalement des couples dans le cabinet. Pour lui, plus de 2 000 hommes se sont deboutonnes. Face a un ordinateur, ils ont repondu a son questionnaire intime et anonyme (1).
Ces volontaires, heterosexuels, ont en moyenne 43 annees, 70% d’entre eux ont des enfants, ainsi, ils declarent avoir eu 14 partenaires. On ne sait gui?re s’ils ont rougi devant leur ecran, mais 20% avouent qu’ils se sont sentis «genes» a un moment. «En matiere de sexualite, nos hommes se confient minimum. J’ai ete etonne de leur sincerite», confie Philippe Brenot.
Ce qu’il en ressort : peu de grandes conclusions, mais de nombreux devoilement. Y compris sur un propre organe (71% des hommes trouvent leur sexe «beau»). Mais aussi sur la masturbation, la frequence des rapports sexuels, nos fantasmes, l’orgasme, decrits par le menu. Une matiere toute premiere inedite ou tous et chacune piochera en fonction de ses styles (2).
Masturbation
87% des hommes interroges se masturbent, dont 42% bien deux fois avec semaine. 38% n’en ont pas rien devoile a un compagne. Quel «support» utilisent-ils ?«Est-ce que madame peut etre consideree tel une reponse valable, vu que nous nous masturbons souvent ensemble ?» exige 1 homme. Un nouvelle evoque, un brin grandiloquent, sa femme «unique, intense et solennelle», d’autres imaginent «certains collegues» ou «la voisine d’en face», plusieurs aiment s’appuyer dans des lectures ou des films. 46% utilisent Internet et des images pornos faciles d’acces. Seulement 6% se paluchent au bureau.
Ils parlent du ravissement que i§a leur procure… Neanmoins, jamais seulement. Pour l’un, «c’est 1 exutoire, ca permet d’avoir par procuration une vie sexuelle riche et variee sans physiquement tromper la femme». Un nouvelle confie que i§a lui permet «d’eviter en harceler». 10% des hommes en couple se masturbent au moins un coup via jour. «Je me souviens de nous dont l’excitation etait telle que celui-ci devait s’arreter de bosser Afin de se masturber, raconte Philippe Brenot. Sa femme le croyait asexuel, aussi que lui vivait la masturbation comme une pratique clandestine et coupable.»
Pression
Depuis deux ou trois annees, dans son cabinet, Philippe Brenot voit augmenter des victimes d’une nouvelle «tyrannie sexuelle».«La performance reste devenue une donnee sociale obligatoire, tacite.» C’est une femme qui se fait quitter parce qu’elle n’a jamais d’orgasme, une autre qui avoue : «Avec mon mari, on a une intimite, mais J’me rends compte que je n’ai rien vecu.» Ou bien «un couple epanoui, excellent, amoureux» qui se plaint de l’ejaculation rapide de l’homme apres plusieurs annees de sexe. Pour lui, ces gens se retrouvent «en decalage avec la sexualite ideale, l’image sexuelle des magazines et la tyrannie mediatique de l’orgasme». 57% craignent de decevoir sexuellement leur partenaire. «J’ai tellement la volonte en faire jouir que ca m’obsede…» avoue un homme. Pour Philippe Brenot, c’est «complique de conjuguer Afin de les hommes la pulsion permanente qui existe et le respect d’la partenaire et de ses desirs». Il conclut : «Les hommes et les femmes ne semblent nullement faits pour avoir une sexualite de couple de longue duree, ils ne sont gui?re programmes pour ca.»
Insatisfaction
Dans l’enquete, les hommes qui se declarent «tres satisfaits» de leur vie sexuelle representent 33% du panel. «Seulement», commente l’auteur. Notre frequence moyenne des rapports sexuels est de 8,4 avec mois. 60% trouvent que votre n’est pas assez. Ceci dit, la frequence ideale est tres variable. «Je me souviens de nous venu parcourir pour impuissance : il ne faisait plus l’amour l’integralite des jours», rapporte le therapeute. 9% font l’amour «moins d’une fois par mois».
Il existe d’autres indices : 38% des sondes ne se sentent gui?re libres de faire votre qu’ils desirent en amour. Ou 70% estiment que votre paraissent eux qui sont a l’initiative des rapports sexuels. 84% se disent quelquefois en «manque». La plupart des hommes parviennent a «s’autoreguler», precise le psychiatre, qui voit quand aussi bien d’hommes «qui ne savent pas que faire des pulsions sexuelles qui les demangent». «Cela va etre par exemple un elu avec des responsabilites sociales, une vie hyperactive, un surmoi tres faible et des maitresses complices…» Pas de confusion, l’interview a ete faite une semaine avant le commencement de l’affaire DSK.
Positions
Quel repertoire sexuel ? 93% des hommes aiment la fellation. On s’en doutait un peu. Et 91% plebiscitent le cunnilingus. Et sinon, quelles paraissent leurs postures preferees ? «Tout cela est possible a une age», repond votre homme visiblement mur. «Meme si les couples ont souvent experimente de nombreuses positions, la majorite avoue une certaine ritualisation de l’intimite conjugale», ecrit Philippe Brenot. Notre levrette arrive en tronche (36%), et en queue, quand on peut dire, le missionnaire (27%). Notre position d’Andromaque (l’actrice au-dessus de l’homme) recueille 28% des suffrages. Seuls 8% des hommes interroges repondent qu’ils pratiquent d’autres positions que ces quatre classiques.
Excitation
Le chapitre sur les preliminaires est le loisir de quelques deconvenues. A quoi servent-ils ? «Je ne sais pas», repond honnetement l’un des males interroges. «A rien, en tout cas, moi, je n’en ai jamais besoin», confirme 1 nouvelle. «Toute caresse sexuelle manuelle reste inutile, le rapport, c’est la penetration», assene votre troisieme. «Cela ne sert pas a grand-chose dans notre cas, vu qu’elle reste excitee dans sa tete avant de commencer», livre un dernier. Celui-la, plutot scolaire : «C’est tel une dissertation, l’introduction avant le developpement.» Un autre refute la «notion de preliminaires» : «Ils font partie de l’acte sexuel : la penetration n’est jamais une finalite.» Un soir : «Une mise en bouche, dans la totalite des sens du terme.»
Explosion
L’orgasme masculin fera l’objet de trop peu d’investigation, regrette Philippe Brenot. «Son vecu est inconnu, parce que les hommes n’en parlent jamais.» Pour decrire leurs sensations, ils ont, cette fois, joue le jeu : vingt pages du livre seront consacrees a la description de leurs extases. L’un a «l’impression d’etre tire par la tete et des jambes comme votre gros elastique». Un autre eprouve «d’abord 1 petillement vis-i -vis du sexe, puis une activation de l’integralite des sens jusqu’a ne plus accepter la moindre caresse, le moindre toucher». Il va i?tre complexe d’echapper a l’image de «l’explosion» ou a celle d’la «decharge». Un homme specifie : «Cela est accompagne de cris plutot sonores.» A court de vocabulaire, quelques-uns retranscrivent des onomatopees : «Waouh !», «Mmmmmmmmmmmmm» ou «Rhaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaah.» Depuis parfois beaucoup de «. ». Un poete s’emballe : «Lachons des chevaux sauvages, des instincts paraissent sublimes.» Un autre evoque avec joie une «evaporation du moi.»
(1) Questionnaire rempli web sur le website de l’Observatoire international de ce couple du 23 decembre 2010 au 6 fevrier 2011. (2) Mes Hommes, le sexe et l’amour, de Philippe Brenot, ed. Mes arenes, 395 pp., 19,80 euros.